lundi 25 février 2013

interview vérité...

11 questions vérités pour mieux connaître l’auteur
 
De et par Mouedden Mohsin

1 Belge, Bruxellois et/ou francophone ? D’abord de culture francophone et Bruxellois de cœur, même si je trouve Bruxelles assez sale et moche, malgré quelques beaux quartiers. Belge pour moi, ça reste encore un mystère vu le communautarisme sévissant dans le pays, avec un état divisé et culturellement sans réelle unité, à part peut-être, la bière, la frite, le chocolat et le carnaval… clin d’œil, je m’entends souvent mieux avec les Flamands qu’avec les Francophones, parfois encore trop sous l’emprise de la domination idéologique française…(je pense notamment à la laïcité à la française...)

2 Pourquoi encore un livre sur les attentats du 11.09.01 et les « révolutions « arabes ? Ce n’est pas un essai sur les attentats, mais sur les conséquences de ces derniers sur nos vies, ce qui me semble beaucoup plus intéressant, tandis que les « révolutions » arabes sont un moment historique du monde arabe, même si aujourd’hui nous devons rester prudent sur le terme « révolution », il y a néanmoins une espérance à partir du moment où les dictateurs sont abattus …

3 Que pensez des islamistes au pouvoir ? Les islamistes sont pluriels, même s’il y a une même filiation. Tout dépendra de l’intelligence des islamistes parlementaires, du Maroc à l’Egypte à écouter les aspirations des peuples. L’islamisme n’est pas un garant d’une bonne gouvernance, d’où la nécessité de rester vigilant, mais à côté de cela il faut aussi donner sa chance à des partis ou à des mouvements longtemps emprisonnés et torturés qui qu’on le veuille ou non, sont arrivés démocratiquement au pouvoir, donc il n’y a pas de comparaison à faire entre les islamistes parlementaires et les dictatures.


4 En Europe, Tariq Ramadan ou Tariq Oubrou pour nous sortir d’une situation conflictuelle ? Les deux sont intéressants et ont une approche qui mérite qu’on s’y attarde. Pour ma part, Tariq Oubrou, est néanmoins ces derniers temps sur une pente glissante et même que je considère comme  dangereuse.

Il ne propose rien de nouveau avec son concept de « charia des minorités » à part exiger des Français musulmans une fois de plus, la transparence ou de mettre leurs dignités de côté que ce soit sur la Palestine où il demande de se faire discret, sur l’islamophobie qu’il estime qu’on exagère ou pire qu’il ne voit pas et le voile qu’il faudrait retirer. Ce n’est ni une posture responsable, ni citoyenne, ni islamique ce qui fait qu’aujourd’hui il peut recevoir la légion d’honneur. Un constat. A partir du moment où vous vous rapprochez du CRIF et que vous commencez à recevoir des prix ou les honneurs d’un état, sachez que vous êtes sur la mauvaise voie.

Par rapport à Tariq Ramadan, je ne serai pas objectif, c’est presque un ami et un frère de lutte. Cependant, je reste honnête, Tariq Ramadan reste logique et cohérent avec lui-même, il prône une citoyenneté européenne qui favorise l’émancipation et les libertés (par exemple de dénoncer la colonisation en Palestine, de pouvoir porter le foulard librement, de condamner l’islamophobie qui est une réalité, etc..). Dès lors mon choix est vite fait entre une citoyenneté clairement au rabais et une citoyenneté libre et indépendante.


5 le cas syrien, qu’en pensez-vous ? Le cas syrien est complexe, il s’agit d’avoir l’approche la plus juste et honnête possible, souvent des chiites seront pro-Assad et des sunnites seront pro-révolution. Les termes sont chargés, dans ce conflit, j’estime qu’Assad n’est pas légitime, car c’est une dictature, cependant j’estime qu’une partie des opposants à ce régime : le Qatar, l’Arabie, l’Occident et des tueurs intégristes ne sont pas légitimes, dès lors je ne peux suivre mes frères sunnites et demande à mes frères chiites de lever la tête pour ne pas toujours être prisonniers de ses chapelles idéologiques et religieuses.

6 alors quoi, le chaos actuel, est-ce la solution ? Non, mais il est pour ma part hors de question de favoriser les desseins du monde occidental et du wahhabisme saoudien qui fait tant de dégâts. Nous avons ici les deux faces d’une même pièce. Tant que les révolutionnaires légitimes ne se débarrassent pas des tueurs intégristes et prennent leurs distances avec des régimes médiévaux ou l’OTAN, Assad continuera à être « légitime ».


7 Un exemple de réussite politique dans le monde ? Le Venezuela avec Hugo Chavez, plusieurs fois élu démocratiquement alors qu’il est méprisé par l’Occident, ce dernier a radicalement modifié son pays en permettant à sa population de s’éduquer, de se soigner et de pouvoir vivre dignement, s’il y a toujours des choses à améliorer pour ne pas verser dans le populisme, Hugo Chavez, comme Evo Morales et cette tendance en Amérique latine, représente bien un exemple de bonne gouvernance. Et le monde musulman et l’Europe devrait s’en inspirer.

8 L’islam est-il mal compris par les musulmans ? En partie, certains en ont fait une religion rachitique, continuer pour ma part à parler de « civilisation arabo-musulmane » est un leurre, c’est se donner le sentiment d’encore peser sur la scène mondiale, là où nous ne pesons même plus sur la scène régionale. Cette civilisation est à terre, elle ne produit quasi plus rien, même les allumettes doivent être parfois importés d’Occident ou de Chine, c’est dire… Plus sérieusement, le monde musulman va mal, pas l’islam. Ce sont les musulmans, ou en tout cas l’élite qui depuis un ou deux siècles a fait de l’islam, une vision étriquée du monde basée sur la seule charia, interprété toujours comme une « jurisprudence » violente et anti-femme.

9 Pour s’en sortir moins d’islam et plus de laïcité ? Non, plus d’islam justement, car l’islam a soit été récupéré par les pouvoirs monarchiques, soit par les républiques « socialistes », soit par les tueurs intégristes. En fait, il n’y a pas eu d’islam, mais l’instrumentalisation du religieux à des fins politiques. Alors justement, la laïcité ne pourrait-elle pas permettre d’enfin dissocier les deux et de faire en sorte que l’islam ne soit plus un instrument aux mains de certains ? Peut-être, mais l’exemple européen et surtout français avec la haine du religieux ne me convainc guère, il faut dès lors innover (terme honnit par les musulmans) et trouver un type de gouvernance nouveau, propre à cette région du monde avec un espace politique neutre religieusement, mais qui fait aussi de la spiritualité une force en terme de valeurs, il est hors de question de bannir ou de balayer les valeurs positives de l’islam pour copier ou singer une nouvelle fois l’Europe.

10 Espérance ou fatalisme pour les prochaines décennies ? Tout dépend de notre lecture, l’eschatologie monothéiste n’est guère réjouissante et nous promet des lendemains douloureux. Pour ma part, ce sera plutôt l’espérance, car rien n’est plus facile que le fatalisme, la démagogie ou la caricature. L’espérance permet de se lever le matin en se promettant de faire le maximum pour embellir sa vie, ses proches et la société. Pour un croyant, être fataliste c’est déjà mourir physiquement et spirituellement… « Un croyant fait et Dieu décide », ce qui suppose que l’action doit toujours primer en lieu et place de la fatalité.

11 un dernier mot décalé pour ces quelques personnalités ?

Fidel Castro : persévérant face à l’empire américain, courageux devant le boycott de son île et autoritariste par rapport à ses opposants.

Mahmoud Ahmadinejad : digne et souvent juste dans ses discours à l’égard de l’Occident et d’Israël.

Barack Obama : un gars sûrement intéressant pour une sortie à Disneyland, un sourire ravageur et un chanteur hors-pair… le discours du Caire, c’était un magnifique show à l’américaine…

Elio Di Rupo : un socialiste Blairiste, un homme courageux et un gay sympathique.

Abdellilah Benkirane : un caméléon démocrate, un monarchiste royaliste et un amnésique islamiste

Hugo Chavez : un révolutionnaire pragmatique, un chrétien courageux et un homme libre

Vladimir Poutine : un autoritariste du KGB, un oligarque nationaliste et un réformateur capitaliste

François Hollande : un fromage hollandais, un guerrier atlantiste et un socialiste laïciste

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